Protection durable des végétaux
Cette rubrique concerne les entrepreneurs parcs et jardins, les gestionnaires d’espaces publics, d’espaces accessibles au public, de terrains de loisirs et de sport, de zones forestières et autres espaces verts non agricoles, utilisant des produits phytopharmaceutiques (PPP) dans le cadre de leur activité professionnelle.
Table des matières
Le recours aux produits phytopharmaceutiques est-il indispensable ?
Avant tout traitement, il convient de déterminer les avantages (coût, rapidité d’exécution) et inconvénients (risques pour la santé et l’environnement) liés à la méthode utilisée (chimique ou non chimique). Il est donc essentiel de répondre à certaines questions :
- La présence d’une végétation développée est-elle acceptée temporairement ?
- Un aménagement différent de la zone permettrait-il de limiter les besoins en traitement ?
- Suis-je à proximité d’un point d’eau ?
- Les techniques alternatives aux PPP sont-elles applicables ?
- ...

Ce schéma décisionnel vous permettra de vous poser les questions nécessaires préalables à la décision d’appliquer un PPP.
D’autre part, lorsque le produit est appliqué hors contexte agricole (par exemple lors du désherbage des espaces publics, lors du traitement de la voirie…), le risque de contamination des eaux de surface est majeur. En effet, les caractéristiques physiques de ce type de surfaces, peu ou pas perméables, sont propices au ruissellement. Une fraction importante du produit est aussi susceptible d’être emportée avec les eaux de percolation surtout si, pour des raisons d’aménagements urbanistiques ou techniques, la couche de sol absorbante et épurative a été enlevée (couche superficielle du sol riche en humus et en micro-organismes dégradant le produit). L’utilisation de PPP dans ces zones doit être réduite au minimum et gérée avec beaucoup de précautions de manière à limiter les risques de contamination des eaux. L’utilisation de techniques non chimiques (manuelles, thermiques, mécaniques) doit y être privilégiée.
Pour rappel, il est interdit de pulvériser des PPP sur une surface revêtue (surfaces pavées, bétonnées, stabilisées, couvertes de dolomies, graviers ou de ballast, telles que notamment les trottoirs, cours, accotements, voies de chemin de fer et voiries) si elle est reliée directement à de l'eau (avaloirs, égouts...) ou à une eau de surface.
Plus d'informations à ce sujet ici.
Lutte intégrée
La lutte intégrée contre les ennemis des végétaux, également désignée par le terme IPM pour « Integrated Pest Management », promeut de privilégier les méthodes non chimiques de lutte avec apport en PPP en dernier recours, en se reportant sur les produits présentant le risque le plus faible pour la santé humaine et l'environnement parmi ceux disponibles.
Un traitement phytosanitaire aura donc lieu si nécessaire, à un niveau justifié du point de vue économique et environnemental, tout en réduisant ou limitant au maximum les risques pour la santé humaine et l'environnement. Ces mesures sont issues des décisions européennes (Directive 2009/128/CE) de parvenir à une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable.
Tous les utilisateurs professionnels de PPP doivent appliquer la lutte intégrée depuis le 1er janvier 2014.
Dans les espaces publics, la lutte intégrée ne s’applique pas dans les cas de lutte contre :
- les espèces exotiques envahissantes,
- les Carduus crispus, Ciscium lanceolatum, Circium arvense, Rumex crispus et Rumex obtusifolius
par un traitement limité et localisé au pulvérisateur à lance ou à dos.
Techniques alternatives à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques
Bien identifier le problème
Des informations à ce sujet seront bientôt publiées.
Cas spécifiques
Pyrale du buis
Ce texte a été rédigé par la Cellule Comité régional PHYTO de l’asbl CORDER sous la coordination de Monsieur Philippe DELAUNOIS, Attaché qualifié à la Direction générale opérationnelle de l’Agriculture, des Ressources naturelles et de l’Environnement du SPW.
La pyrale du buis (Cydalima perspectalis syn. Glyphodes perspectalis) appartient à l’ordre des lépidoptères et à la famille des Crambidae.
Cette noctuelle est présente en Belgique depuis plusieurs années. Initialement sa répartition géographique était limitée aux provinces d’Anvers et de Flandre orientale. En 2016, son territoire s’est étendu autour de Bruxelles et entre Andenne et Huy. En 2017, on la rencontre plus fréquemment au Sud de Bruxelles et à plusieurs endroits de Wallonie. En juin déjà, elle est signalée dans la région de Tournai et en août, on l’observe dans les régions de Mons, Braine-le-Comte, Beauvechain, Saint-Georges-sur-Meuse et Amay.
En avril 2018, sa présence est signalée en Wallonie ainsi qu'en région bruxelloise.
Cette année en 2020, les observations de la pyrale ont débuté déjà au début du mois de mars en Flandre. Les premières observations en Wallonie concernent la région de la Louvière mi-mars et la région de Liège début avril.
En 2007, la pyrale du buis a été ajoutée à la liste d’alerte de l’EPPO (European and Mediterranean Plant Protection Organization) pour une période de 3 ans durant laquelle aucune action n’était requise auprès des pays membres. En 2011, il a été considéré qu’une alerte suffisante avait été donnée et elle a été retirée de cette liste.
Cycle de développement
La femelle peut pondre plus de 1.000 œufs à différents emplacements à l’intérieur du buisson de buis, sous le limbe des feuilles.
- Les œufs sont ronds et aplatis. Ils sont translucides, jaunâtres et un point noir apparaît par transparence un peu avant l’éclosion.
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- Les larves émergeantes vont se nourrir du limbe des feuilles et passent par 5 à 7 stades larvaires avant de se nymphoser.
- Les chenilles du dernier stade peuvent mesurer jusqu’à 40 mm de long. Elles sont de couleur vert clair, sont striées longitudinalement de vert plus foncé, de jaune clair et de blanc. Les chenilles possèdent 16 pattes (6 thoraciques et 10 abdominales).
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- La métamorphose se produit ensuite et la chrysalide se forme. Les chrysalides atteignent 21 mm de long, sont de couleur vert et jaune clair au début, puis beige brunâtre ensuite, et présentent quatre lignes dorsales brunes. La cuticule et l’exuvie sont translucides.

- Le papillon, essentiellement actif la nuit, a une durée de vie de 2 semaines environ. D’une envergure de 36 mm en moyenne, la pyrale du buis possède des ailes blanches et brunes avec des reflets dorés et violets. Les femelles et les mâles sont semblables mais ces derniers se distinguent par la coloration brune de leur abdomen qui est plus étendue que chez les femelles. Ils possèdent également des touffes d’écailles odoriférantes. Il est possible que la pyrale se présente sous une forme plus mélanisée. Le papillon apparait alors entièrement brun, hormis une tache blanche sur les ailes antérieures.

Deux à trois cycles de développement peuvent se succéder pendant une année. Trois pics de dégâts sont potentiellement observables :
- Au début du printemps : mars - avril
- En été : mi-juin – juillet
- En automne : septembre – début octobre
Les jeunes chenilles (5-8 mm) issues de la dernière génération vont tisser des logettes en soie (hibernarium) entre les feuilles au bout des rameaux avant d’arrêter leur développement afin de passer l’hiver. Leur activité reprendra au printemps suivant.
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En Europe, jusqu’à présent, seul le buis (Buxus spp.) est infesté. Bien qu’il présente une importante capacité de régénération, l’arbuste peut rapidement dépérir quand les chenilles sont nombreuses et que les attaques se répètent. Une surveillance attentive s’avère nécessaire pour détecter au plus vite la présence de la chenille.
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Détecter la présence de la pyrale
Pour rechercher la présence des chenilles, il faut écarter les rameaux des buis de manière à pouvoir les apercevoir à l’intérieur du plant. Des déjections vertes et sèches, retenues par les fils de soie sont souvent visibles.
Comment éviter ou limiter son infestation ?
- Mesures préventives
Lors de nouvelles plantations, il est préférable de s’orienter vers d’autres végétaux que le buis comme le chèvrefeuille par exemple.
Il est conseillé de tailler les buis en leur laissant suffisamment d’espace. Les plants dont la ramure est plus aérée sont davantage épargnés.
Des voiles anti-insectes peuvent être placés sur les buis durant les périodes de vol afin d’éviter les pontes (mars à septembre).
La présence d’oiseaux insectivores peut être favorisée par la pose de mangeoires et de nichoirs à proximité du buis.
Il est utile de suivre les avertissements dispensés par le Centre d’Essais Horticoles de Wallonie.
- Moyens de lutte physique
Le ramassage des chenilles à la main est envisageable pour autant qu’elles soient ensuite détruites. Les chenilles ne sont pas urticantes.
La taille des branches infestées peut être effectuée, il est alors important de transporter ces branches taillées et autres déchets de la taille dans un sac fermé afin d’éviter la propagation des œufs et chenilles de la pyrale.
La pulvérisation d’eau à haute pression sur le feuillage permet de faire tomber les chenilles sur le sol. L’utilisation de filets disposés au sol facilite la récolte de l’insecte.
- Moyens de lutte à l'aide de micro-organismes
Les micro-organismes, comme par exemple Bacillus thuringiensis, sont soumis à une autorisation préalable comme PPP. Ils doivent donc être repris sur le site internet www.phytoweb.be pour pouvoir être utilisés en Belgique.
Plus d'informations sur le choix du bon produit ici et ci-dessous.
- Moyens de lutte à l'aide de PPP
Lorsque les autres moyens de lutte ne permettent pas d’endiguer sa propagation, le recours aux PPP est envisageable pour autant que la législation en vigueur soit respectée et que les mesures nécessaires soient prises afin de protéger la santé humaine et l’environnement.
Lors de l’utilisation de PPP à usage professionnel, le port de gants en nitrile est indispensable. Les moyens de protection individuelle tels que lunettes, combinaison, bottes, masque sont vivement conseillés et obligatoires lorsqu’ils sont mentionnés sur l’étiquette du produit. Pour protéger l’environnement, il importe de suivre scrupuleusement les mentions reprises sur l’étiquette et de ne pas traiter à moins de 6 mètres des eaux de surface.
En outre, l’utilisation de PPP à usage professionnel requiert la détention d’une phytolicence adéquate.
Des PPP utilisables en agriculture biologique, dérivés de matériaux naturels et à plus faible impact environnemental sont disponibles pour un usage professionnel. Il s’agit de produits à base de Bacillus thuringiensis, de pyréthrines ou encore de spinosad.
En dernier recours, d’autres PPP, non utilisables en agriculture biologique, sont autorisés pour un usage professionnel afin de lutter contre les chenilles en plantes ornementales.
Les PPP autorisés pour une utilisation sur le territoire belge peuvent être consultés sur le site www.phytoweb.be. Les produits autorisés dans les cultures de plantes ornementales, arbres et arbustes ornementaux, arbres et arbustes feuillus ornementaux et buis peuvent être appliqués sur la culture de buis. Dans le cas présent, le ravageur ciblé sera la chenille défoliatrice.
Liste des produits phytopharmaceutiques agréés en Belgique à ce jour pour un usage professionnel en plein air et/ou sous protection et qui peuvent être utilisés pour lutter contre la pyrale du buis (source : www.phytoweb.be en date du 07/04/2021).
Nom commercial | N° autorisation | Composition | AB | Plein air | Sous protection |
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AKAPULKO 100 CS | 1237P/P | 100 g/l LAMBDA-CYHALOTHRINE | X | X | |
BIO-PYRETREX | 9267P/B |
255 g/l PIPERONYL BUTOXYDE (synergiste) 20 g/l PYRETHRINES |
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X | X |
BOOMERANG | 9891P/B | 120 g/l SPINOSAD | ![]() |
X | X |
CONSERVE PRO | 9863P/B | 120 g/l SPINOSAD | ![]() |
X | X |
CYPELCO | 1198P/P | 500 g/l CYPERMETHRINE | X | X | |
CYPERB | 10357P/B | 500 g/l CYPERMETHRINE | X | X | |
CYPERSTAR | 9727P/B | 200 g/l CYPERMETHRINE | X | X | |
CYTHRIN MAX | 10106P/B | 500 g/l CYPERMETHRINE | X | X | |
CYTOX | 8653P/B | 100 g/l CYPERMETHRINE | X | X | |
DECIS 15 EW | 10646P/B | 15 g/l DELTAMETHRINE | X | ||
DECIS EC 2,5 | 7172P/B | 25 g/l DELTAMETHRINE | |||
DELFIN WG | 10473P/B | 85 % BACILLUS THURINGIENSIS ssp. KURSTAKI SA-11 | ![]() |
X | X |
DIMILIN SC-48 | 8134P/B | 480 g/l DIFLUBENZURON | X | X | |
DIPEL DF | 10113P/B | 54 % BACILLUS THURINGIENSIS ssp. Kurstaki | ![]() |
X | X |
EXALT | 10919P/B | 25g/l SPINETORAM | X | ||
FLORBAC | 10514P/B | 15 000 I.U. Trichoplusia ni/mg BACILLUS THURINGIENSIS ssp. aizawai ABTS-1857 | X | X | |
INSECTINE | 1331P/P | 500 g/l CYPERMETHRINE | X | X | |
INTRANCE | 11027P/B | 25g/l SPINETORAM | X | ||
KARATE ZEON | 9231P/B | 100 g/l LAMBDA-CYHALOTHRINE | X | X | |
KARATE ZEON | 1067P/P | 100 g/l LAMBDA-CYHALOTHRINE | X | X | |
MIMIC | 8799P/B | 240 g/l TEBUFENOZIDE | X | X | |
MIMIC | 1207P/P | 240 g/l TEBUFENOZIDE | X | X | |
NINJA | 9571P/B | 100 g/l LAMBDA-CYHALOTHRINE | X | X | |
OIKOS | 10779P/B | 26 g/l AZADIRACHTINE | ![]() |
X | |
OKAPI | 7978P/B |
5 g/l LAMBDA-CYHALOTHRINE 100 g/l PIRIMICARBE |
X | X | |
PATRIOT | 9207P/B | 25 g/l DELTAMETHRINE | X | X | |
PATRIOT PROTECH | 10717P/B | 15 g/l DELTAMETHRINE | X | ||
RUNNER | 9399P/B | 240 g/l METHOXYFENOZIDE | X | X | |
SHERPA 100 EW | 11002P/B | 100 g/l CYPERMETHRINE | X | X | |
SHERPA 200 EC | 8968P/B | 200 g/l CYPERMETHRINE | X | X | |
SPLENDID | 9627P/B | 25 g/l DELTAMETHRINE | X | X | |
SPLIT | 10718P/B | 15 g/l DELTAMETHRINE | X | ||
STEWARD | 9328P/B | 30 % INDOXACARBE | X | X | |
TRACER | 9275P/B | 480 g/l SPINOSAD | ![]() |
X | X |
TURBOSAD 480 SC | 1330P/P | 480 g/l SPINOSAD | ![]() |
X | X |
TUREX WG | 10461P/B | 50 % BACILLUS THURINGIENSIS ssp. aizawai GC-91 | ![]() |
X | X |
VSM SPINOSAD | 1279P/P | 480g/l SPINOSAD | ![]() |
X | X |
WOPRO-DELTAMETHRIN 2,5 EC | 1394P/P | 25 g/l DELTAMETHRINE | X | X | |
XENTARI WG | 9067P/B | 15 000 I.U. Trichoplusia ni/mg BACILLUS THURINGIENSIS ssp. aizawai ABTS-1857 | ![]() |
X | X |
![]() |
Autorisé en agriculture biologique |
Pour rappel, l’utilisation de phéromones à des fins de piégeage des insectes pour les capturer est soumise à autorisation préalable comme PPP par le SPF Santé publique, à l’exception des phéromones qui sont utilisées en association avec un insecticide ou lorsqu’elles sont utilisées à des fins de monitoring pour connaître la densité d’une population. A ce jour, les phéromones autorisées pour une utilisation sur le territoire belge le sont pour un usage professionnel et uniquement pour une utilisation sur les cultures de pommiers, poiriers ou cerisiers.
Il est en outre important de noter que depuis le 1er juin 2014, l’application des PPP dans les espaces publics n’est plus autorisée. Le législateur wallon a cependant fixé une période transitoire permettant l’utilisation sous certaines conditions de PPP jusqu’au 31 mai 2019. Pour ce faire, les communes ont notamment élaboré et mis en œuvre un plan de réduction de leur utilisation de PPP dans les espaces publics permettant ainsi d'atteindre l'objectif « zéro phyto » le 1er juin 2019.
Par ailleurs, l’application de PPP sur certains lieux auxquels ont accès les groupes vulnérables (femmes enceintes et allaitantes, les enfants, les personnes âgées, les personnes malade, etc.) est interdite depuis le 1er juin 2018.
- Moyens de lutte à l'aide de nématodes antagonistes à la chenille
Des auxiliaires macro-organismes tels que les nématodes (Steinernema carpocapsae) ne sont pas soumis à une autorisation préalable en tant que PPP par le SPF Santé publique et peuvent être utilisés en combinaison avec d’autres moyens de lutte dès que la température du sol est de minimum 10°C.
Les larves de nématodes s’introduisent dans l’organisme de l’insecte où elles libèrent des bactéries nocives pour celui-ci et provoquent sa mort en 24 à 48h. Elles se nourrissent ensuite des tissus de l’insecte afin de poursuivre leur développement. Cela permet à une nouvelle génération de larves de nématodes de voir le jour pour ensuite coloniser le sol à la recherche d’autres insectes.
Sources d'informations et/ou d'images : Centre d’Essais Horticoles de Wallonie (CEHW), Adalia 2.0, asbl CORDER - Clinique des Plantes dans le cadre du projet « IPM4U » et la Cellule Comité régional PHYTO, André Lequet (Treillières / Nantes F-44) – Lien : http://www.insectes-net.fr/, Natagora, Proefcentrum voor sierteelt (PCS), SPF SCAE - Service Produits Phytopharmaceutiques et Fertilisants, Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes (OEPP).
Base légale
Directive 2009/128/CE : Utilisation des PPP compatible avec le développement durable
Décret du 10/07/2013 : Utilisation des PPP compatible avec le développement durable (lutte intégrée dans les espaces publics...)